Antoine Galvani - Sunset 2014

Pendant (trop) longtemps, Antoine Galvani a prétendu s’appeler Ahn Tuan et a même osé sortir plusieurs albums sous ce nom. Un témoignage anonyme est alors paru dans un faux journal. Si Galvani est plus ou moins revenu à la raison aujourd’hui (il a déclaré ceci en janvier 2017 : « Fatigué par la situation au Moyen-Orient et celle de son appartement lyonnais, Ahn Tuan a décidé de prendre une retraite pour réfléchir à la politique mondiale et écrire son autobiographie. Il m’a choisi pour assurer la pérennité de ses travaux en cours et sa succession en tant qu’électron libre mégalomane du paysage artistique. « Je reviendrai » a-t-il promis, et je sais mieux que quiconque ce que valent ses promesses, alors croyez-moi vous pouvez compter là-dessus, avec ou sans second degré.
C’est avec sérieux et enthousiasme que je reprend le flambeau de la chandelle, et non sans une certaine fierté que j’apposerai mon nom sur la pochette d’un petit album sans envergure nommé Suite Astrale avant de m’attaquer à de vrais projets sérieux. Ahn Tuan communiquera lui-même sur sa décision très prochainement, ou plus tard« ), il n’y a pas eu à notre connaissance de publication plus pertinente sur sa vie que celle-ci :

La Biographie non-officielle d’Ahn Tuan

 

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« Contrairement à ce qu’il prétend, Ahn Tuan n’est pas né au VietNam il y a environ 25 ans, mais au milieu des années 80 à Grenoble, il s’appelle dans la réalité Antoine Galvani et c’est entre 4 montagnes et non dans une rizière qu’il apprend le piano d’abord classique puis un peu moins. Surpassionné, il étudie assez sérieusement la question pianistique ainsi que la composition là où on veut bien lui apprendre : aux Conservatoires de Grenoble et Chambéry, à la fac de musicologie de Grenoble tout en surmultipliant les projets musicaux, dans le rock, la pop, le jazz et la musique classique.

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C’est au début des années 2000 que son cerveau vrille littéralement, qu’il commence à prétendre s’appeler Ahn Tuan NGalavi, s’invente une vie dont la biographie change au jour le jour et multiplie les accès de mégalomanie outrancière. Schizophrénie caractérisée ou calcul commercial, nul ne sait, toujours est-il que plusieurs projets voient le jour sous ce nom d’emprunt. C’est d’abord Shinda’n’Tuan, groupe « easy pop » avec lequel il sort un EP live puis un album, puis le Ahn Tuan Trio, embryon du projet qui nous concerne aujourd’hui dont la formule va évoluer au fil des jours. Ce faisant, on peut voir le nom d’Ahn Tuan en featuring ici ou là, avec le chanteur folk Johan Delvarre ou avec le groupe de métal prog Symetry. Il écrit beaucoup, énormément, pour pas mal de gens différents, alternativement sous ses deux noms selon une logique qu’il est le seul à connaitre si tant est qu’elle existe. Sa formation musicale se termine au Centre des Musiques Didier Lockwood, en région parisienne, où il reçoit les enseignements de Benoit Sourisse et André Charlier, ainsi que Bojan Z, Baptiste Trotignon et une longue liste d’autres musiciens exceptionnels. C’est dans cette école qu’Ahn Tuan rencontre Baptiste Castets, Arthur Henn et Illyes Ferfera qui formeront avec lui son NEW QUARTET, formation qui voit le jour en mai 2013 au festival Ferté Jazz.

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((c) Youri Picart)

Musicalement, Ahn Tuan se décrit lui-même comme un explorateur fou pour qui tout ce qui n’est pas distordu, violent, fort et mal n’est pas de la musique ; il s’imagine chanteur de Motorhead, manager de Kraftwerk, scénariste pour David Lynch ou acteur d’un Tarantino. Cette idée préconçue qu’il a de lui-même (ou qu’il veut que les autres aient ?) masque bien mal une affreuse vérité : il déteste le jazz, exècre Miles Davis, tout ce qui l’attire c’est le romantisme sucré des concerti de Rachmaninov ou des BO des films de Miyasaki, il aime Muse encore plus que Radiohead ; certaines mauvaises langues disent qu’il a pleuré un jour en écoutant « Ah si j’étais un homme » de Diane Tell et qu’il a vu 17 fois le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain. Au final ça fait de lui un pianiste à l’eau de rose, au romantisme inassumé et dont les tentatives désespérées d’insérer quelques dissonances dans sa musique sonnent comme une définition du pathétisme au point d’en devenir touchant aux larmes.

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(c) Pierre Treille